lundi 4 septembre 2017

REPENTANCE ET FOI


 (Extrait de "la vraie paix " de H. Bonar 1879)

L'Évangile fut entre les mains des apôtres un marteau pour briser les cœurs les plus durs, et pour produire la repentance qui donne la vie. » L'Évangile seul put fondre la dureté du Juif enveloppé dans sa propre justice ; et rien que la proclamation de l'amour gratuit de Dieu, frappant le péché et épargnant le pécheur, ne peut maintenant encore toucher le cœur, et faire « de ces pierres des âmes vivantes.» La loi et ses terreurs ne peuvent qu'endurcir ; et leur puissance, fût-elle déployée dans un Élie, est faible en comparaison de la prédication de la croix.
Le mot repentance, dans l'original, signifie changement d'esprit, ou de disposition ; et ce changement, le Saint-Esprit le produit non point par la loi, mais par l'Évangile. Ces paroles : « Amendez-vous, et croyez à l'Évangile » ( Marc 1:15 ) ne signifiaient pas : arrivez à la repentance par la loi, puis croyez à l'Évangile ; mais que cette bonne nouvelle du royaume que je vous annonce vous amène à changer de vues, et à recevoir l'Évangile. La repentance nommée ici avant la foi indique simplement qu'il faut se détourner de ce qui est faux pour pouvoir recevoir ce qui est vrai. Si je veux aller vers le nord, je dois nécessairement tourner le dos au midi ; cependant je ne songerais pas à dire que l'une de ces actions me prépare à l'autre. Si je veux me débarrasser des ténèbres, je laisse pénétrer la lumière ; mais je ne puis pas dire que le fait de me débarrasser des ténèbres soit une préparation pour recevoir la lumière ; il est dans la nature des choses que les deux soient simultanées. Ainsi la repentance n'est pas une préparation à la foi, surtout dans le sens de la douleur du péché.
·         « Il est entendu, dit Calvin, que la repentance non-seulement suit la foi, mais qu'elle en découle... Ceux qui pensent que la repentance précède la foi, au lieu d'en être le produit comme le fruit d'un arbre, n'en ont jamais compris la nature. » « La foi qui sauve, dit Colquhoun, est le moyen de la vraie repentance ; et cette repentance est non pas le moyen mais le but de la foi. »
Sans doute, les terreurs de la conscience peuvent précéder la foi. Mais ces terreurs ne sont pas la repentance selon l'Ecriture ; elles détournent l'âme de la croix plutôt qu'elles ne l'y conduisent. Que des pécheurs puissent être réveillés par les tonnerres de la loi, je le sais. Mais les alarmes qu'ils produisent ne sont pas la tristesse selon Dieu. Elles sont assez communes parmi les hommes qui ne sont pas croyants, comme Achab, ou Judas. Elles retentiront d'une manière redoutable en enfer, mais elles ne sont pas la repentance. La douleur du péché vient de « l'appréhension de la miséricorde de Dieu en Christ, » de la vue de la Croix, et de l'amour qu'elle nous révèle. Un « cœur froissé et brisé » est le résultat de notre foi au grand amour de Dieu ; et la repentance en tant qu'elle exprime la douleur du péché n'est produite que par la vue de la croix ; en tant qu'elle exprime un changement de disposition à l'égard de Dieu ou de Christ, c'est la même chose que de croire à l'Évangile.
Christ n'exige du pécheur qui s'approche de Lui aucune préparation ni légale ou évangélique, ni intérieure ou extérieure. Et celui qui ne veut pas venir tel qu'il est, ne viendra jamais. Ce ne sont pas des « âmes exaucées, » ou des « croyants repentants, » ou les meilleurs entre les fils et les filles d'Adam que Christ accueille, ce sont des pécheurs. « Je suis venu appeler à la repentance non les justes, mais les pécheurs. » ( Luc 5:32 )

Il y a une fausse repentance, produit et expression de l'incrédulité et de la propre justice qui peut précéder la foi ; comme tous les autres mauvais sentiments abondent dans le cœur naturel. Mais la foi pénètre le cœur en dépit de cette soi-disant repentance que le vrai croyant ne regarde plus que comme un de ces efforts de la justice propre, dont l'effet est de retenir le pécheur loin du Sauveur. Ceux qui appellent à la foi « les pécheurs repentants » se trompent sur la nature même de la repentance et de la foi. Et ce qu'ils enseignent n'est pas la bonne nouvelle, annoncée au pécheur. C'est une bonne nouvelle peut-être pour ceux qui, à force d'efforts, pensent s'être humiliés eux-mêmes suffisamment ; mais ce n'est pas la bonne nouvelle efficace pour ceux qui sont « sans force », perdus, impies, endurcis, pour les boiteux, les aveugles, les impotents et les perclus.